Il ressort d’une étude que les engrais chimiques produits à partir d’effluents d’élevage peuvent remplacer les engrais chimiques traditionnels
Les initiatives de Danone Belgique et de FrieslandCampina en matière de valorisation des effluents d’élevage réduisent considérablement les émissions et constituent un pas déterminant sur la voie d’une agriculture durable et circulaire.
Le 27 novembre 2019, la DG Environnement de la Commission européenne a présenté les résultats de l’étude SAFEMANURE sur les engrais chimiques produits à partir d’effluents d’élevage dans le cadre de la conférence internationale ManuREsource. Les résultats de cette étude fournissent des critères que les engrais recyclés devraient respecter pour pouvoir se substituer aux engrais chimiques traditionnels. De plus, ces techniques permettent aux producteurs laitiers de réduire les émissions de CO2 et d’ammoniac de leur exploitation, respectivement de 3 et de 40 %. Selon Danone Belgique et FrieslandCampina, deux entreprises qui s’engagent activement dans le cadre de cette thématique, il s’agit d’une avancée importante sur la voie d’une agriculture circulaire.
La quatrième édition de ManuREsource, une conférence internationale consacrée au traitement du fumier et du lisier, a eu lieu à Hasselt les 27 et 28 novembre 2019. Les résultats de SAFEMANURE, une étude de deux ans réalisée par le Centre commun de recherche (CCR) au nom de la DG Environnement, ont été présentés dans ce cadre.
L’étude fournit des critères que les engrais recyclés à partir d’effluents d’élevage, comme les sels d’ammonium et les concentrés de minéraux, doivent respecter pour pouvoir être épandus au-dessus de la limite de 170 kg d’azote animal par hectare et par an. L’étude a montré qu’il y a de fortes chances que les sels d’ammonium provenant des installations de type stripping-scrubbing et les concentrés de minéraux provenant, entre autres, de l’osmose inverse soient reconnus à l’avenir comme substituts d’engrais chimiques.
Il ressort en effet de cette étude que, pour autant que les critères fixés soient respectés, l’utilisation d’engrais azotés recyclés à partir de fumier et de lisier, baptisés « RENURE » dans le rapport, ne s’accompagne que d’effets environnementaux ou de risques pour la santé publique négligeables. Les chercheurs concluent que l’utilisation d’engrais recyclés présente des possibilités accrues dans une approche circulaire et pour un usage plus efficace des matières premières et des adjuvants dans la chaîne alimentaire européenne.
Du statut de déchet à celui de matière première
FrieslandCampina et Danone s’inscrivent toutes deux dans un programme ambitieux visant à pérenniser l’agriculture et s’engagent activement en faveur de la circularité. Elles collaborent sur la thématique générale des engrais aux Pays-Bas et en Belgique en se concentrant sur des techniques innovantes : FrieslandCampina avec Jumpstart, Danone avec Wings, en étroite collaboration avec les producteurs laitiers.
Voici ce que pense Ynte de Vries, Manager Farm Energy chez FrieslandCampina, du projet Jumpstart, où l’énergie verte et des concentrés de minéraux sont extraits du lisier :
« L’éleveur et la continuité de son exploitation sont au cœur des préoccupations de FrieslandCampina. Aux Pays-Bas, le déploiement des unités Jumpstart bat son plein. Dans les exploitations disposant d’une quantité suffisante de lisier (à partir de 175 vaches laitières environ), une bonne rentabilité financière est réalisable. La possibilité qu’offre Jumpstart pour utiliser des concentrés de minéraux comme substitut d’engrais chimique, permet d’ajouter un modèle de revenu supplémentaire. Avec Jumpstart, l’agriculteur génère donc des revenus supplémentaires, tout en pérennisant son exploitation. Ce programme repose en partie sur notre partenariat avec Danone, et nous en sommes fiers. »
Wings, un projet de Danone Belgique réalisé en coopération avec le Centre d’expertise VCM (Vlaams Coordinatiecentrum voor Mestverwerking) et un groupe pilote de producteurs laitiers, a testé une installation dans laquelle le surplus de lisier est transformé en engrais chimique.
Marion Bloemendal, gestionnaire de projets chez Danone Belgique :
« Nos producteurs de lait belges sont des entrepreneurs polyvalents qui aspirent à une production durable. Nous entendons les soutenir dans cette démarche : en réutilisant la production de lisier comme matière première, nous faisons un pas déterminant sur la voie d’une agriculture circulaire. Tout bénéfice pour la planète et pour une agriculture économiquement forte. »
Les techniques testées dans le cadre des projets Wings et Jumpstart permettent aux éleveurs laitiers de réduire leur empreinte carbone de 3 à 20 % et leurs émissions d’ammoniac de 40 à 45 %.
Prochaines étapes : accessibilité et réglementation
Aujourd’hui, deux raisons expliquent pourquoi les techniques de conversion des effluents d’élevage en engrais chimique ne sont pas encore largement utilisables. Dans un premier temps, comme les techniques de récupération des nutriments du lisier sont relativement coûteuses, d’autres recherches sont nécessaires pour en diminuer le prix. Ensuite, les produits issus de la récupération des nutriments ne sont pas encore reconnus comme engrais chimiques conformément à la directive européenne sur les nitrates.
Le projet SAFEMANURE montre qu’il existe en effet des produits qui pourront obtenir un statut « end of manure », une évolution décisive pour la prochaine étape vers une agriculture circulaire comme le confirment d’ailleurs les projets de Danone Belgique et FrieslandCampina. C’est la raison pour laquelle ces entreprises appellent les décideurs politiques à prendre des mesures rapides pour accélérer encore le développement et la mise en œuvre de ces techniques.
À propos de WINGS
Le projet Wings est un projet de Danone Belgique réalisé en collaboration avec son partenaire, l’asbl VCM (Vlaams Coordinatiecentrum voor Mestverwerking), et les producteurs de lait avec lesquels Danone travaille. Concrètement, le projet a pour ambition de soutenir à la fois les éleveurs participant à l’approvisionnement en lait de l’usine de Danone et les éleveurs du secteur laitier belge, et entend trouver une solution pour les surplus de lisier et les émissions d’ammoniac. Voir aussi la publication : « Solutions pour le surplus d’effluents dans l’élevage laitier » (Oplossingen voor het mestoverschot in de melkveehouderij) en suivant le lien https://cdn.digisecure.be/vcm/2018121314837396_boekje-lowres.pdf
À propos de Jumpstart
Le projet Jumpstart se concentre sur l’accélération du déploiement de digesteurs à lisier dans les exploitations laitières néerlandaises. Moyennant l’amélioration ciblée de la technologie, le déverrouillage de lignes de subventions, l’accès au financement et à la conclusion d’accords collectifs favorables avec les partenaires, Jumpstart permet aux producteurs laitiers de démarrer plus facilement la mise en place de digesteurs. En outre, FrieslandCampina prévoit de donner aux producteurs de lait une prime de 10 euros par tonne d’émissions de CO2 économisées. En fonction de la situation de leur exploitation, les producteurs laitiers optent pour une installation au gaz vert (à partir de quelque 300 vaches) ou une installation de cogénération (à partir d’environ 175 vaches). Les installations de cogénération peuvent être équipées d’un séparateur de minéraux adapté, qui produit un concentré d’azote liquide qui pourra servir de substitut d’engrais chimique dès que la réglementation le permettra. Les participants à Jumpstart bénéficient du soutien et de la valorisation collective de l’énergie et des engrais produits.
Lien: https://www.frieslandcampina.com/nl/cooperatie-jumpstart/